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Eve Bonfanti et Yves Hunstad, accueillir l'inattendu : dialogue avec Frédérique Dolphijn

On connaît déjà les différentes collections littéraires et imagées des éditions belges Esperluète , cette maison qui soigne particulièrement les écritures singulières alliées à un art visuel de choix. La rentrée littéraire est pour Esperluète l’occasion de présenter une toute nouvelle collection, « Orbe », qui offre à lire, sous la forme des dialogues, des réflexions d’auteurs à propos de leur pratique d’écriture et de lecture. « Qui suis je ? C’est la question que les autres posent – et elle est sans réponse. Moi ? Je suis ma langue  » écrivait si justement le poète palestinien Mahmoud Darwish dans Une rime pour les Mu’allaqât en 1995. C’est par cette question complexe posée à l’auteur que s’entame chacun des dialogues d’« Orbe » . On habite sa langue moins qu’elle nous habite, moins qu’elle nous façonne et qu’elle nous hante. Disons-le : la langue évolue moins avec nous que nous auprès d’elle. Avec « Orbe », il est question de définir ce qui, pour chaque auteur a provoqué un désir lié à l’écrit. Ce désir, individuel et propre à chacun, s’inscrit dans un rapport au monde, à soi et à la lecture. L’enjeu, ici, sera de découvrir différents mécanismes et processus d’écriture et de création.La collection se veut ouverte à tous les genres littéraires, qu’il s’agisse du roman, de poésie, de nouvelles, de traduction, de théâtre, d’un scénario de film, de bande dessinée ou de littérature de jeunesse. Elle s’adresse à ceux qui s’intéressent au processus d’écriture ou aux auteurs interrogés en particulier, ainsi qu’aux enseignants et participants des ateliers d’écriture.Initiée par l’écrivain et cinéaste Frédérique Dolphijn , la collection présente trois premiers ouvrages dont elle signe le dialogue. Pour chacun d’eux, elle a choisi des mots à l’intention des auteurs. Ces derniers ont été piochés de manière aléatoire, les uns après les autres, et ont initié le début d’un nouveau chapitre et d’une ébauche de réflexion.L’emploi de la deuxième personne, tu , lors de chacun des entretiens, souligne le caractère spontané et non artificiel des dires de l’interrogeant comme de l’interrogé. Nul besoin de faire beau, ici, et c’est ce qui émeut dans le propos : d’entendre les rires et les hésitations entre les lignes nous fait nous, lecteurs, prendre part au dialogue à notre tour. Ève Bonfanti et Yves Hunstad, Accueillir l’inattendu Comment écrire pour enfin dire en public ? Dans cette conversation, il sera question de théâtre et d’une certaine écriture de la transmission.Eve Bonfanti et Yves Hunstad, tous deux acteurs et auteurs de théâtre, ont décidé de mêler leur virtuosité pour fonder la compagnie La fabrique imaginaire . Écrire en duo implique le challenge de la symbiose et de l’entente qui force à passer outre les questions d’égo. Deux écritures faites une, en perpétuel mouvement, donc, inattendue ;  en allers-retours de l’une à l’autre, où le public est partie prenante de la création et interroge sans cesse l’auteur. Imprévu Yves : On parle bien de l’écriture… Dans l’acte de jouer, il y a zéro imprévu. Sauf s’il y a un accident qui vient de l’extérieur. Mais de notre part, on ne crée pas d’imprévu quand on joue. On espère qu’il arrive pour orienter l’écriture, pour l’enrichir. Eve : Cet imprévu positif, là dans l’écriture et qui est reproduit après de manière illusoire dans le jeu, provoque une tension… presque une supra conscience dans le cerveau du public… Tout se tend vers ce moment : qu’est-ce qui va se passer ? Colette Nys-Mazure, Quelque chose se déploie C’est par ce dialogue avec Colette Nys-Mazure que s’est lancée la collection « Orbe ».Grande lectrice et enseignante inaltérable, l’incontournable poète, nouvelliste, romancière et essayiste dont l’œuvre a été récompensée de nombreux prix incarne plusieurs facettes de l’écriture poétique. Elle pose, dans ses pages comme dans son quotidien, un regard et une attention soutenus aux autres et à leurs écritures. L’autre C’est vraiment exigeant, l’autre… C’est à la fois l’autre en soi… d’étrange, de différent, d’inquiétant ; c’est l’autre, immédiat, avec qui on vit avec qui on tente de composer (…) Dans les livres que je fréquente, il y a une part des auteurs que j’ai appris à connaître. Mais il y a aussi tous ceux que j’ai envie de découvrir, que je ne connais absolument pas, et qui sont à des milliers de kilomètres de mes préoccupations ou de mes façons d’écrire (…) Il y a une rencontre avec un livre… mais une rencontre qui présuppose des deux côtés une disponibilité. Jaco Van Dormael, Écrire le chaos Qui sommes-nous ? Qu’est-ce que le sens, existe-t-il un sens, que faire de ce chaos qui nous traverse ? Cinéaste de l’imaginaire et de ce qu’il peut y avoir de grand dans l’enfance, Jaco Van Dormael pose chacune de ses réponses sous le signe du questionnement. Se définissant, à la suite de Luigi Pirandello, comme « Un, personne et cent mille  », il interroge avec nous le processus de création.C’est à l’écriture de scénario que Frédéric Dolphijn s’intéresse avec Jaco Van Dormael. On y découvre comment, écriture à part entière, elle induit également une création multiforme. Incarnation Celui qui incarne le plus, c’est l’acteur. C’est en ça que l’écriture que je fais est une écriture collective ! C’est à dire que je vis avec des fantômes pendant des années, dont je note les conversations par bribes, qui me sont très familiers, pour lesquels parfois j’ai de l’amour, parce que je les connais bien. Ils changent de visage régulièrement. (…) ce sont des « multi personnages. (…) En général on dit qu’il y a  trois écritures : l’écriture du scénario, l’écriture sur le plateau et l’écriture au montage. On ne parle jamais de la quatrième écriture, la plus importante : celle du spectateur qui retient certaines choses, en oublie d’autres, inverse les scènes, fait dire à tel personnage des choses qu’il n’a pas dites, et qui se réapproprie le film. Victoire de Changy Dans cette conversation, il sera question de théâtre et de l’écriture de la transmission. Comment dire pour un public ? Le spectateur devient partie prenante de la création dans les interrogations de ces deux auteurs de théâtre. Eve Bonfanti et Yves Hunstad ont décidé de mêler leurs talents ; écrire en duo implique une symbiose et une entente de travail qui dépasse les questions d’ego. La finalité est directement au centre du processus. Il ne s’agit donc pas de double jeu mais de construire cette présence à l’autre, induire la lecture d’un spectacle, l’écoute d’un texte. Accueillir l’inattendu, c’est admettre cette place du jeu, de l’improvisation, de l’accident et de l’imprévu. C’est le faire sien pour mieux avancer dans le processus d’écriture. Écriture qui se place ici clairement dans l’oralité, le son et le sens des mots faisant un, le jeu de l’acteur participant à l’écriture... Partageant avec générosité et enthousiasme ces moments d’écriture, Eve Bonfanti et Yves Hunstad mêlent leurs voix à celle de Frédérique Dolphijn pour une conversation triangulaire qui rebondit sans cesse, formant le kaléidoscope d’une écriture en mouvement.…

Du livre au film (dossier Littérature & Cinéma)

L'adaptation d'œuvres littéraires à l'écran est aussi ancienne que le cinéma lui-même. En témoigne…

Thomas Gunzig. Des histoires au bout des doigts.

Un cinéaste, une danseuse, un écrivain, soit le collectif nommé Kiss & Cry, comme le spectacle éponyme…

Au bord du monde

Romancière, poète, cinéaste, metteuse en scène, Frédérique Dolphijn bâtit une œuvre attentive aux infra-voix, aux mouvements souterrains qui ouvrent sur d’autres…

Au bord du monde

Romancière, poète, cinéaste, metteuse en scène, Frédérique Dolphijn bâtit une œuvre attentive aux infra-voix, aux mouvements souterrains qui ouvrent sur d’autres…

Frédéric Sojcher, Je veux faire du cinéma!

Pour la réédition  de Main basse sur le film , augmentée d’un chapitre final qui éclaire les liens…

Bénédicte Linard, ministre de la Culture et des Médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Face à la crise sanitaire , le monde culturel se débat pour survivre. Plus que jamais. Alors que les salles de spectacle et de cinéma ont fermé leurs portes, les artistes paient les pots cassés. Spectacles annulés, tournages reportés, ils «se réinventent», c’est en tout cas ce qu’on leur demande de faire, pour le moment. Indépendamment des circonstances, les acteurs du monde culturel ont toujours dû se débrouiller, avec les moyens du bord, avec leur statut précaire. Comment Madame Bénédicte Linard, Ministre de la Culture compte-t-elle, en collaboration avec son équipe, améliorer la situation? Comment rendre la culture accessible à tous? Comment soutenir ces créateurs et créatrices? Comment mettre davantage en lumière la gent féminine dans le secteur culturel? Madame la Ministre a du pain sur la planche. * Cinergie : Dans une de vos interviews on apprenait vous aviez comme leitmotiv l’engagement. Qu’en est-il de cet engagement avec ce premier mandat de Ministre de la Culture? Est-ce que vous avez l’impression que vous allez pouvoir changer le monde culturel? Bénédicte Linard : On essaie d’améliorer les choses et on s’engage, moi et mon équipe. Je pense qu’on avance et que nous allons dans le bon sens, mais nous sommes un peu freinés dans notre ardeur avec la crise car nous sommes obligés de gérer quelque chose que nous n’avions pas prévu et qui s’installe de manière durable, particulièrement dans la culture. Je mise beaucoup sur la construction et l’intelligence collectives. Cela prend parfois plus de temps, mais c’est souvent plus efficient et efficace lorsque nous avons travaillé avec les premiers concernés que lorsque l’on prend des mesures qui ne tiendraient pas compte des réalités de terrain. Vers où voulez-vous aller, quel est votre but? De manière générale, mon intention par rapport à la culture, c’est d’ailleurs ce que les écologistes ont toujours défendu, c’est de faire en sorte que la culture soit accessible au plus grand nombre. Je crois très fort que la culture est un des fondements d’une démocratie. Je pense qu’on a droit à la culture dès le plus jeune âge ; et mon travail, c’est de rendre cette culture accessible au plus grand nombre quel que soit le profil qu’on peut avoir. On doit travailler à un soutien des créatrices et des créateurs, à la diffusion aussi. Et on doit s’assurer qu’il y ait une diversité suffisamment grande pour que tout un chacun puisse se reconnaître dans ce que l’on offre en matière culturelle. Aujourd’hui, quelles stratégies aimeriez-vous mettre en place pour parvenir à ces buts? Dans le domaine culturel, on travaille au soutien des créateurs et des créatrices. Même en dehors de la crise, on renforce aujourd’hui le soutien à la création. C’est indispensable et on fait un focus particulier sur tous les arts émergents et sur l’innovation. C’est important aujourd’hui de soutenir l’art dans ses différentes formes. On a aussi un travail lié à la diffusion qui risque de prendre plus de temps. Aujourd’hui, on a des talents dans de nombreuses disciplines mais on a parfois un manque d’espace de diffusion que ce soit chez nous ou à l’étranger. En cinéma et en théâtre jeune public, on a des ressources et des talents incroyables qui s’exportent déjà bien et on doit pouvoir continuer à soutenir cette diffusion vers l’international. Travailler au soutien à la création et à la diffusion, c’est permettre à nos artistes de pouvoir exister, c’est permettre aussi de renforcer le lien avec les publics particulièrement en cinéma mais pas seulement. On essaie de travailler à la mise sur pied de politiques qui font le lien entre des opérateurs culturels existants, des artistes parfois liés ou non et le public sur un territoire défini. Je pense que la question de l’ancrage territorial est vraiment très importante parce que je pense que la culture, au sens large, permet de divertir mais aussi de s’interroger sur soi, sur le monde, de faire face aux événements auxquels nous sommes confrontés, de permettre de comprendre et de réagir, d’anticiper le futur. C’est en ce sens que la culture doit s’ancrer dans le territoire dans lequel on existe. Renforcer une culture imprégnée dans un territoire, c’est aller toucher plus de public. Je pense que c’est fondamental aujourd’hui que l’on puisse avoir plus de culture et faire en sorte que non seulement on puisse assister à de la culture mais aussi participer à de la culture. Ces deux points sont fondamentaux et c’est ce que nous essayons de faire lorsque l’on renforce la culture à l’école, dans les milieux d’accueil. On se dit que tout enfant devrait avoir accès à la culture dans son parcours et les politiques doivent jouer un rôle là-dedans. Vous pensez spécifiquement à la culture dans les écoles? Il y a bien sûr un travail qui est mené pour renforcer la culture dans les écoles à travers le parcours d’éducation culturelle et artistique (le PECA) qui fait partie du pacte d’excellence. Ce parcours est en train d’être construit avec Caroline Désir pour augmenter la place de la culture pendant tout le parcours scolaire. Il y a aussi un travail qui est en train de se faire pour renforcer l’éveil culturel dans les milieux d’accueil, dans les crèches, en collaboration avec l’ONE. Il y a des budgets dégagés pour augmenter cela dès 2021. On se demande aussi quelle est la place de la culture dans ces autres lieux de vie par lesquels les jeunes passent. Par exemple, dans les maisons de jeunes, dans l’extrascolaire (l’accueil temps libre), il y a un travail à mener pour renforcer la culture toujours au bénéfice des jeunes. Parfois, les jeunes n’ont pas le loisir d’avoir accès à la culture dans leur contexte familial donc il est primordial que les politiques à mener leur donnent cet accès soit en étant spectateurs soit en étant partie prenante. Vous êtes entrée en fonction au moment où le cinéma était en pleine crise (cinémas fermés, tournages suspendus, professionnels du métier sans réel statut). On se rend compte que l’aspect économique et l’aspect création artistique sont fortement liés.  L’année 2020 pour le cinéma est marquée par deux défis: la réponse à la crise sanitaire qui touche le secteur culturel et l'avancée vers une vision du cinéma qu’on porte. On doit mener les deux de front. Par rapport à la crise sanitaire, on tente d’accompagner le secteur de deux manières: dans ce qui est de notre champ de compétences mais aussi en interaction avec d’autres niveaux de pouvoir. On sait, par exemple, que pendant la crise, la Fédération Wallonie-Bruxelles a dégagé un budget de 6 millions d’euros pour accompagner le secteur du cinéma. On a eu des actions comme «J’peux pas, j’ai cinéma» cet été, on a permis grâce à un fonds de garantie que les tournages aient lieu. On est obligés de travailler avec des niveaux de pouvoir autres puisque le Tax Shelter, qui soutient le secteur, dépend du Fédéral. On a mené ce travail et on va continuer pendant l’année 2021. À côté de cela, il y a aussi la question: «Qu’est-ce que le cinéma en Fédération Wallonie-Bruxelles aujourd’hui? Qu’est-ce qu’il devrait être et comment on travaille à cela? ». Je suis convaincue qu’on regorge de talents et de capacités d’innovation qui sont très présentes. On est très forts dans les coproductions tournées vers l’international, dans l’animation. On a des talents liés à certains métiers parce qu’on a vu arriver dans les temps, des producteurs et des réalisateurs qui ont renouvelé le genre cinéma en Belgique avec Jaco Van Dormael, Lucas Belvaux, les frères Dardenne mais on a aussi des professions qui sont des atouts, des valeurs ajoutées. On a des directeurs photo, des monteurs et monteuses, des costumières qui ont une plus-value. Aujourd’hui, on doit travailler sur deux pans: comment est-ce qu’on peut mieux soutenir nos créateurs et créatrices? Comment donnons-nous du temps à nos…